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*Compilation : Les dangers du pouvoir

LES DANGERS DU POUVOIR





une portée philosophique

Didier Merlateau - 20/04/2000

Je trouve qu'il est très peu question de la portée philosophique du Seigneur des Anneaux quand on en parle. Personnellement après plusieurs relectures de cette oeuvre, il m'est apparu évident que Tolkien (même inconsciement) a voulu faire passer une message (en fait je crois que c'était tout à fait conscient de sa part pour plusieurs raisons que je développerais si cela vous interesse).

Il m'a donc paru évident que cette oeuvre est une mise en garde évidente sur les dangers du pouvoir, mais aussi une réflexion sur ce qu'est le pouvoir, comment les hommes se l'approprient, comment ils l'exploitent et comment il peut transformer nos convictions les plus profondes. Même Gandalf le craint car il est sage.



messages palimpsestiques

Mathias Daval - 20/04/2000

La portée philosophique de l'oeuvre de Tolkien a été malheureusement mainte fois disséquée, avec en général un excès d'humour ou d'académisme. Il y a de bonnes études sur le pouvoir toutefois, comme celle de Edith Crowe 'Power in Arda' dans le compte-rendu de la Tolkien Centenary Conference (toujours dans la langue d'Abraham Lincoln - histoire de changer de Shakespeare). Il y a aussi des ouvrages comme The Song of Middle-Earth par David Harvey, qui évoque les thèmes du mythe, de la morale et de la religion.

Personnellement, je ne franchis pas le seuil d'une analyse qui tend à mettre en valeur "les messages" conscients (et même inconscients) d'un écrivain. Il est évident que le monde d'Arda renferme ses références, critiques, imaginations ayant trait au monde politique, religieux, philosophique, moral, et esthétique. La morale personnelle d'un écrivain ne peut que transparaître dans son oeuvre, et l'influencer à divers degrés, et des messages palimpsestiques (histoire de "néologismer" un coup) s'y cachent à coup sûr comme le carosse dans la citrouille de Cendrillon.

J'ai pour ma part tendance à lire les oeuvres de Tolkien comme j'écoute une belle musique - je n'y cherche aucun message, et d'ailleurs, à mon sens, c'est en les cherchant qu'on ne les trouve point. Encore une fois, cela ne concerne que moi, c'est purement égocentrique et désintéressé. Si je peux me permettre, un dernier mot. Souviens-toi de ces mots de Tolkien à propos du conte de fées : "la suspension volontaire de l'incrédulité".



on a toujours besoin d'un plus petit que soi

Claire Panier - 20/04/2000

Moi, je partage l'avis de Didier, je suis certaine qu'il y a matière à réflexion, mais je ne suis pas convaincue que cela ait été intentionnel de la part de J.R.R. Tolkien. Néanmoins, je ne peux m'empêcher de croire que la répartition des rôles dans le Seigneur des Anneaux n'est pas innocente. Le choix du porteur de l'Anneau. N'est pas le plus brave celui que l'on croit, la force et la bravoure vont au-delà des apparences, et souvent aussi le simple fait de se surpasser parce qu'on le doit (devoir) non pas pour se prouver quelque chose, mais parce que c'est une nécessité absolue, pour la sauvegarde du monde. je crois aussi qu'il y a quelque chose à retenir du sacrifice de l'innocence (et du retrait) hobbite pour une mission dont Frodon lui même a le sentiment qu'elle est perdue d'avance. Mais y aller quand même, aller au delà de sa fragilité, de ses peurs, de sa nature elle-même, c'est un courage que les grands-et-forts, les puissants de ce monde n'ont pas.

Le vieil adage "on a toujours besoin d'un plus petit que soi" peut paraître ridicule, mais à la lecture du Seigneur des Anneaux je ne peux m'empêcher de penser : moi je me lamente sur mes petits problèmes quotidiens, mais à la place du petit hobbit et de ses compagnons (j'adore Sam, personnellement), aurais-je pu m'en sortir ou aurais-je baissé les bras ? Et je passe sur la tentation de l'Anneau nous savons tous combien il est difficile de résister à la facilité, et aux tentations souvent suicidaires (par exemple, les suicides financiers des tentations "crédit" de nos jours). Cela va au-delà du principe d'invisibilité - don empoisonné mais ô combien tentant pour affronter le monde et l'adversité - résister à la pression terrible exercée par l'Anneau, par le désir de l'Anneau - le sien, celui des autres aussi.

Bref, je crois que si on commence à parler de la portée du Seigneur des Anneaux (je ne parle même pas des autres textes) on peut aller très loin. Je suis persuadée pour ma part que c'est justement cela, cette mise en abîme de réflexions profondes sur la nature humaine et sur le monde, qui a fait la pérénité de Tolkien. Sans cela et cette écriture merveilleuse - mais d'autres écrivent bien mais leur récit est creux, et on l'oublie après l'avoir lu - il se serait perdu dans la masse des contes de fée pour adulte. C'est à mon avis cela qu'il explique si bien dans Faërie...



Nous tenons à remercier Didier Merlateau, Mathias Daval et Claire Panier pour leurs contributions.



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Dernière mise à jour : 2006-04-03 16:25
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